Le maître, exaspéré, abattit sa main sur la joue du garçon, un bruit sec résonnant dans la salle de classe.
— Pourquoi n’as-tu pas écrit ta leçon ? Demanda-t-il d’un ton tranchant.
L’élève releva la tête, le regard calme, presque absent, et répondit d’une voix douce, mais ferme :
— Maître… Je ne pouvais pas. Je n’ai pas cru à ce que j’ai lu.
Le professeur haussa un sourcil, surpris.
— Et pourquoi donc ?
Le garçon baissa les yeux un instant, effleurant du bout des doigts les pages fatiguées de son cahier, puis déclara :
— Parce que je n’ai pas trouvé la vérité dans ces mots.
Un silence épais s’abattit sur la classe.
— Explique-toi, dit enfin le maître, la curiosité l’emportant sur la colère.
L’enfant inspira profondément et poursuivit :
— Le livre dit que mon pays est riche. Pourtant, notre maison est en terre séchée, et mes vêtements, ma besace, mes cahiers… Tout m’a été donné par une association caritative.
Le livre dit que notre terre regorge de pétrole et de gaz, mais nous n’avons ni l’un ni l’autre à la maison. Ma mère continue d’allumer un feu de bois pour nous nourrir.
Le livre dit que mon pays est béni de mille ressources, mais le peu de bienfaits que je vois s’éloigne dans les poches d’autres mains.
Le livre dit que mon pays est le berceau des héros et des civilisations, et pourtant, mon pays demeure un berceau alors que d’autres grandissent et prospèrent.
Le livre dit que nous sommes tous égaux en droits et en devoirs, mais je n’ai jamais reçu ce qui me revient, ni en tant qu’enfant, ni en tant que citoyen.
Il marqua une pause, fixa son professeur avec une gravité qui n’appartenait pas à son âge et conclut :
— Maître… Je ne veux pas me mentir à moi-même. Voilà pourquoi je n’ai pas écrit mon devoir.
Un frisson traversa la salle. Dehors, le vent soufflait doucement, emportant dans l’air tiède le murmure d’une vérité que personne n’osait contredire.
Un jour, je m'en irai sans en avoir tout dit...
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