la perte d'un chien


 J hais ces mots que je dois écrire, mais il le faut. Sam s’en est allé, il y a deux jours, doucement, à dix-huit ans, frappés par ce mal impitoyable, cet épanchement perfide qui l’a emporté en moins de dix heures. Deux jours, plus tôt, pourtant, il courait encore après sa balle, insouciant, comme si le temps n’avait pas de prise sur lui.
Quand l’heure est venue de l’emmener chez le vétérinaire, je n’ai pu me résoudre à le conduire là-bas sans un dernier détour. Nous avons marqué un arrêt au parc, ce lieu qu’il aimait tant, là où ses pattes avaient laissé mille empreintes heureuses. Puis un dernier cheeseburger, un dernier hommage à ses plaisirs simples. Mais il n’a pas voulu y toucher. Ses yeux, lorsqu’ils se sont posés sur moi, m’ont dit ce que je refusais d’admettre.
Je ne pouvais l’abandonner. Si une seule chance lui restait, je devais la saisir. J’ai refusé l’évidence, choisi d’aspirer ce qui l’étouffait, acheté quelques jours pour tenter de comprendre. Mais le destin, lui, ne marchande pas. À peine avais-je signé, que le vétérinaire est sorti en courant, la voix grave, le regard fuyant. C’était fini. Son pauvre cœur n’avait pas supporté la délivrance.
Et pourtant, c’était ainsi que cela devait se passer. Pas de longue agonie, pas d’acharnement. Il s’est battu jusqu’au bout, fier et digne, et moi avec lui. J’ai refusé de le ranimer, car à quoi bon lui imposer un sursis pour souffrir encore ? Il était temps de le laisser partir, la tête haute, le cœur aimant jusqu’au dernier souffle.
Il me manque déjà, terriblement. Mais il est parti comme il a vécu : avec moi, à mes côtés, liés par cette tendresse qui ne s’éteindra jamais.

 

 


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un cheval et une poule.